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Terminé ‘Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave’ dans lequel il raconte sa vie en tant qu’enfant né d’une esclave dans le sud des USA avant la guerre de sécession, sa vie de jeune esclave et puis de jeune homme toujours esclave (la cruauté imbécile et ignoble des esclavagistes, mais aussi les traces d’humanité, parfois, chez certains, et comment cette société fondée sur l’esclavagisme réussi à pourrir même les âmes les plus généreuses), et ensuite comment il recommence sa vie, après s’être échappé vers le Nord.
Par-dessus tout, c’est un homme qui nous dit la valeur infinie de la liberté et donc aussi, d’abord pour prendre conscience de cette liberté et ensuite pour apprendre à la préserver coûte que coûte (il risquait sa vie), l’importance infinie elle aussi de l’éducation ou, dans son cas, de s’éduquer soi-même.
S’éduquer au lieu de glander et de végéter, quoi. Douglass parle par exemple des ‘loisirs’ auxquels les esclaves avaient droit (rarement, le dimanche et la semaine de Noël) qui servaient à maintenir une forme de tranquilité parmi les esclaves, aux yeux des propriétaires, et durant lesquels ces mêmes propriétaires les encourageaient à s’abrutir le plus possible (picoler, faire des combats,…).
On se demande bien pourquoi ils voulaient les abrutir et aussi j’espère que, toute proportion gardée, on se demandera s’il n’y a pas le moindre parallèle à faire avec notre charmante société et ses loisirs et notre besoin de satisfaction immédiate (et permanent).
L’importance essentielle d’apprendre à lire et à écrire, dit Douglass. Car, enfant mais esclave, Douglass n’avait pas le droit d’apprendre quoi que ce soit mis à part à obéir et à montrer du respect. C’est donc en cachette et sans aucun moyen, à part sa ruse, sa volonté, et son intelligence, qu’il apprend à lire. Puis à écrire. Brillant. C’est aussi dans le plus grand secret que, plus tard, il partagera ce qu’il a appris avec d’autres esclaves.
Ceux qui ont pu lire mes récurrents ronchonnements sur le déclin de l’éducation, aux USA mais aussi ici en Europe/France, et surtout sur la disparition quasi complète de toute véritable pratique de la lecture, ne seront pas surpris : je serais enchanté de fourrer ce texte dans les mains de tous les jeunes qui se font chier en classe (ils ont bien raison: c’est devenu tellement chiant et stupide que c’est à pleurer), et qui n’en n’ont rien à foutre de jamais ouvrir un livre (ils ont tort ;) et sans doute aussi le mettre dans les mains de leurs parents, histoire de les faire lâcher eux aussi leur téléphone et commencer à montrer par l’exemple à leur progéniture qu’il y a mieux à faire que passer sa vie à scroller sur les réseaux sociaux.
Leur demander de le lire donc mais, par pitié, sans les encourager à lire ‘la synthèse d’une œuvre’, résumé queclonque. Ils doivent le lire eux-mêmes, ce livre. Pas son analyse ou son commenaire. Peu importe si ce résumé est brillant ou pas, c’est totalement de la merde s’il empêche de d’abord lire le livre.
Il ne s’agit pas de se contenter d’ânonner ce qu’un spécialiste aura décidé ce que le livre signifie, de comment interpréter tel ou tel passage et quels sont les points clés à retenir et les dates importantes (dès la première page, Douglass explique que l’idée de connaître son age exact est impossible pour un esclave) dans l’espoir d’avoir une bonne note. On s’en tamponne de la note. Il faut le lire pour (modestement) faire ce que Douglass a fait : un effort (surhumain, dans son cas) et avec un peu de chance réaliser l’importance de la lecture et de l’écriture pour se protéger des abus. Pour devenir réellement libre. Et aussi, au passage, pour en sortir un tout petit peu moins con qu’on y est entré. Enfin, je pense.
Y réfléchir, tout seul, ou en petit groupe mais entre amis, y réfléchir par soi-même, avec ses mots et pas ceux d’un pro ni en suivant la voie qu’il aura tracée. Comprendre en tâtonnant donc et, encore une fois avec un peu de chance, éprouver la valeur de ce qu’il dit. Eduquez-vous. Lisez.
En résumé (ahah), c’est un petit livre de 100 pages qui n’est donc pas complètement sans intérêt. Et son auteur est un bonhomme précieux.
Sinon, je viens de commencer Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc de Charles Péguy (non, je ne suis pas croyant). Péguy est encore un de ces auteurs qu’on enseigne plus en France, et c’est stupide. Mais si je dois choisir entre lui ou Douglass, je suggère de commencer par faire lire Douglass aux jeunes gens. Péguy n’est certainement pas moins intéressant (oubliez les caricatures que vous avez pu entendre à son sujet et qui tendent à vouloir le résumer pour ce qu’il n’est pas, et lisez-le d’abord), mais aussi intéressant soit-il son style est moins… direct, beaucoup plus poétique. Il demandera plus d’efforts et aussi plus de familiarité avec la lecture.
Sinon, je lis aussi des trucs (presque) contemporains hein! Par exemple, j’ai relu Astérix chez les Belges ce WE, j’ai rigolé à chaque page. Comme chaque fois.
En train de lire The 2-Hour Job Search: Using Technology to Get the Right Job Faster de Steve Dalton. Je suis en emploi depuis peu (en fin de période d’essai, et normalement je devrais la valider), mais je préfère prendre le temps aujourd’hui de me renseigner sur le sujet parce que je sais que je serai psychologiquement pas en état quand je serai en recherche d’emploi à l’avenir.
J’ai fini Les pédales et leurs ami⋅es entre les révolutions de Larry Mitchell et illustré par Ned Asta qui est un livre d’un genre un peu inclassable, entre le conte, la poésie, le manifeste. Je pense que ça vaudrait le coup de le lire en anglais (langue originale), même si les choix de traduction sont expliqués, les termes utilisés contextualisés, comme queer qui a eu des nuances différentes d’aujourd’hui et qui, de toute façon, est traduit. Bref, ça fait partie des livres où, moi, je passe un peu à côté, mais dont je trouve que l’existence, la persistance et la transmission est importante. Et la couverture brille (en VF).




