Les mots et expressions sont travaillés et marquées par les gens de toute orientation politique, que ce soient les figures publiques ou les internautes pseudonymes. L’extrême droite fait preuve d’une certaine creativité de forme, car le fond est toujours le même. On connaît aussi les euphémismes néolibéraux, bien analysés par divers spécialistes. Les extrêmes gauches sont faciles à remarquer sur le plan du langage.

Ceci dit, il y a une gauche socdem qu’on remarque moins sur ce plan je trouve, ne serait-ce que parce que les spécialistes sont souvent de ce bord. Il y a bien Corcuff, anarchiste, qui a su dénoncer la participation de gens à gauche à des “formations discursives” fascisantes, càd des termes et expressions, des rhétoriques qui sont plus congruentes avec le fascisme que le reste. Ça vaut le coup de s’interroger sur le langage qu’on utilise du coup.

Sans aller jusqu’à dénicher du fascisme, dernièrement j’ai relevé quelques termes qui sont à la mode dans les médias de gauche. Je voulais savoir ce que vous en pensiez, et si vous en aviez d’autres :

  • lunaire
  • hors-sol
  • déni de réalité
  • narcissique
  • macron est un forcené/fou
  • ça commence à se voir
  • irresponsable

C’est un peu court, car ça vient de sphères que j’évite normalement. “Macron est un forcené” c’est surtout du Lordon il me semble. “Narcissisme” vient de plusieurs personnes, comme un sociologue. “Irresponsable” a été utilisé par des essayistes je crois. On trouve nombre de ces éléments de langage sur Le Média, et le twitch de gauche. “Hors-sol” navigue pas mal entre extrême droite et gauche.

On a je pense comme thème commun que la personne qui parle sait ce qui est vrai. Cela vient avec une dérive vers la psychophobie, très prononcées avec le cas Lordon. En général on a une tendance à psychologiser les puissants, en particulier Macron, et à faire usage de la psychophobie pour dénoncer et créer de la colère.

J’ai une hypothèse perso : ça exprime l’affaiblissement du compromis socdem, au sens traditionnel de socdem (ex Jaurès, pas Hollande). L’hégémonie culturelle se déplace vers l’extrême droite, et les socdems se retrouvent décontenancés. Ils n’ont pas la tradition anarchiste par exemple pour faire face au fait de croire à quelque chose alors que le reste de la société ne voit même pas de quoi tu parles. Donc il ne reste que le sentiment d’être face à des choses irréelles, et des gens fous.

Je prend par exemple les violences faites aux enfants, par rapport à l’école Betharram. Un point de vue critique sur l’ensemble de la société relèverait que c’est une déclinaison extrême mais logique de comment on traite les enfants comme subordonnés, et de la façon dont l’enseignement est déjà cousu d’humiliations et de divers petites violences, même dans l’établissement public le plus modèle. Mais dans l’univers socdem, c’est la norme, ou un mal nécessaire. Le cas Betharram apparaît donc comme une anomalie choquante.

  • PatteBlanche@jlai.lu
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    20 hours ago

    On peut se questionner sur le vocabulaire et le non-dit, c’est même très intéressant, mais la discussion dégénère souvent en “dire / ne pas dire” qui me parait une perte de temps et d’énergie (voir cette conversation).